Johnnie Bassett
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Johnnie Bassett - Cognac Blues Passions le 31 juillet 2010

Johnnie, quels sont les musiciens qui se produisent, actuellement, à tes côtés au sein du groupe « The Blues Insurgent » ?
Aux claviers nous avons Chris Codish, au saxophone ténor Keith Kalinski et Skeeto Valdez à la batterie.

Peux-tu évoquer tes origines précises ?
Je viens de Detroit, dans le Michigan, mais je suis né à Marianna en Floride (le 9 octobre 1935, nda).
Si je vis dans cette grande cité industrielle depuis 1944, il faut avouer que je passe la majeure partie de mon existence sur les routes. Je voyage à travers de très nombreux pays et je m’estime être très chanceux de pouvoir me produire en France aujourd’hui.

Quand tu as débuté, quelles étaient tes influences principales ?
Je ne considère pas avoir, comme influence principale, un artiste en particulier. J’aime la musique en général, j’en écoute beaucoup et j’essaye d’être ouvert à tous les sons qui peuvent me venir aux oreilles.

Je n’ai jamais vraiment eu de guitariste préféré parce que cet instrument n’a pas été le premier que j’ai pratiqué. J’ai joué de la clarinette, du saxophone et de l’harmonica auparavant…
J’ai touché, pour la première fois, à une guitare alors que je devais avoir 14 ans. Elle traînait à la maison et appartenait à ma sœur. Je me suis enfermé dans une chambre et m’y suis mis intensivement… c’est ainsi que tout a commencé !

Je suppose que tu as commencé à vivre de la musique très tôt…
C’est en 1953 que je suis devenu un musicien professionnel. J’étais encore au Collège (« High School », un établissement qui correspondrait davantage au Lycée en France, nda)…

C’est pourtant bien plus tard que tu as décidé de te produire sous ton propre nom…
En effet, j’ai commencé à jouer sous mon propre nom en 1994. Auparavant j’accompagnais énormément d’artistes et réalisais de nombreuses sessions en tant que musicien de studio.

J’avais commencé sur scène avec Big Joe Turner et Ruth Brown. Puis, j’ai travaillé pour la firme Fortune Records avant de rejoindre Chess Records où j’enregistrais pour le groupe The Miracles.
Sur scène j’ai accompagné de très nombreux artistes comme Lowell Fulson, John Lee Hooker, Dinah Washington, Tina Turner, Alberta Adams etc…

Peux-tu me parler de la scène blues à Boston ?
Le Blues n’est pas une musique que l’on retrouve « naturellement » à Boston. Il n’y a pas beaucoup de gens qui y supportent ce style, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’assister à des concerts. Les disques se vendent encore un petit peu mais la scène « live » est très touchée…

Cela a beaucoup changé au fil des ans. Aujourd’hui les jeunes se sont tournés vers hip-hop et le rap...
Le blues n’y est pas totalement mort et tiendra le coup tant que des gens comme nous serons debout et le porterons à bout de bras…

Participer à un Festival tel que le Cognac Blues Passions, nous permet de constater qu’il y a encore de l’espoir et que les spectateurs sont toujours emportés de manière positive par le blues. Tous ces Festivals, à travers de nombreux pays, permettent au blues de rester vivant. Tant qu’ils continueront à se battre pour exister, je serai à leurs côtés pour les soutenir.

Comme tu me le disais précédemment, tu as joué avec de nombreux grands artistes. Parmi eux tu as oublié de citer l’un des plus importants, Johnny « Guitar » Watson. Quels sont tes plus grands souvenirs de cette période ?
Oui… Johnny « Guitar » Watson (rires) !
J’avais formé un trio pour l’accompagner à Seattle, Washington et divers autres Clubs.
Notre collaboration s’est étalée sur une période qui était très courte, environ deux semaines…

Jeune homme, il possédait déjà un talent immense. Pour moi, ça a été une grande expérience de pouvoir apprendre de nouvelles choses grâce à lui. Par la suite, pendant de nombreuses années, j’ai accompagné des artistes tels que John Lee Hooker etc…

C’est vraiment formidable de pouvoir côtoyer ces hommes dont les qualités artistiques sont doublées d’immenses qualités humaines.

A l’enregistrement de combien de disques as-tu participé ?
J’en ai enregistré 7 sous mon propre nom et me retrouve sur 4 compilations. J’ai commencé à préparer un nouveau CD pour le label Mack Avenue Records (le dernier en date « The Gentleman Is Back » date de 2009, nda). Terminer ma carrière en enregistrant sous mon propre nom est une chose vraiment formidable !
En tant que sessionman, je ne pourrais pas te dire exactement à combien d’enregistrements j’ai participé. Il y en a tant…

Qu’aimes-tu évoquer à travers tes chansons ?
Cela est très variable…
Il n’y a pas un sujet, en particulier, qui revient d’un album à l’autre.
J’essaye de rendre chacun de mes disques attrayants et « fun » tout en sensibilisant les gens sur des thèmes divers et variés. Tu ne peux pas extraire une chanson de l’un de mes Cd’s et deviner l’ambiance générale qui se dégage du disque. Je veux aborder des aspects qui ne se ressemblent pas systématiquement.

Quelle serait ta propre définition de ta musique ?
Du jazz avec un côté blues et du blues avec un côté jazz…
C’est que qui me conviendrait le mieux car c’est ce dont il s’agit…

Ce n’est pas du Delta blues, pas du Chicago blues, pas du blues de la Nouvelle-Orléans.
Il s’agit de Johnnie Bassett’s blues, des sons blues et jazz entremêlés…

Que représente, pour toi, le fait de pouvoir exporter ta musique ici en France ?
Oh man, c’est une bonne question !
J’avais déjà eu l’occasion de me produire en France. C’était à Paris au Jazz Club Lionel Hampton, de l’Hôtel Méridien, ainsi que dans quelques autres endroits. Cependant, je n’avais jamais entendu parler du Cognac Blues Passions. J’ai un agent qui m’a proposé de participer à cette manifestation. Quand j’ai su que c’était en France j’ai immédiatement répondu « Oui, bien sûr ! ». J’aime tellement venir dans ce pays et j’espère encore avoir l’occasion de m’y produire dans le futur.

Quand tu es ici, quelles sont les différences le plus notables que tu constates par rapport à la scène américaine ?
Il y a beaucoup de différences tu sais…
Il s’agit déjà de deux cultures distinctes...
Je pense qu’ici les gens apprécient davantage les artistes, c’est déjà une grande différence !

A quoi aimerais-tu consacrer les prochaines années ?
Rester vivant le plus longtemps possible et continuer à faire ce que je fais actuellement. C’est vraiment formidable, je suis un homme qui va bientôt fêter ses 75 ans et je suis accompagné par un groupe de jeunes gens qui savent où je veux aller. Ils jouent ma musique  et ce sont vraiment les meilleurs que j’ai entendu depuis toutes ces années. Mon saxophoniste et mon organiste sont avec moi depuis 11 ans et prennent du plaisir à m‘accompagner. Je veux continuer à consacrer tout mon temps à la musique et, en même temps, continuer d’apprendre (rires) !

Quels sont tes projets, peux-tu m’en dire davantage sur ton prochain album ?
Je n’ai pas de tournée de planifiée dans les prochains temps car je vais me consacrer à mon futur CD. Je l’ai commencé deux semaines avant de venir en Europe et m’y replongerai dès mon retour aux USA. J’ai du matériel pour ce disque, de nombreuses chansons sont écrites et je vais entrer en studio dans les tous prochains mois afin de pouvoir commencer l’enregistrement.

As-tu une conclusion à ajouter ?
Que tout le monde continue d’aimer le blues et de le soutenir partout à travers le monde entier. J’espère que de nombreux jeunes se tourneront encore vers cette musique car c’est-ce qui lui permettra de survivre…

Comment vois-tu le futur du blues, quels sont tes musiciens préférés parmi la jeune génération ?
Je constate que les jeunes artistes essayent vraiment de donner le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont encore beaucoup à apprendre, ce n’est pas facile de se faire une place dans le business et encore moins dans celui du blues. Ils doivent faire attention de ne pas tomber dans certains pièges….
Heureusement ils sont nombreux et très motivés, c’est formidable !

Aurais-tu un conseil à leur donner ?
Etudiez, travaillez dur et ne perdez jamais espoir en vous. C’est un métier tellement difficile, tu peux le faire sans ne jamais connaître un seul succès de ta vie…

Remerciements : Noëlle Valluet (Blue Up)

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Interview réalisée au
Cognac Blues Passions
le 31 juillet 2010

Propos recueillis
par David BAERST

En exclusivité !

 

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